Les détails font la perfection, et la perfection n'est pas un détail. Léonard de Vinci
..:: Historique ::..


- Histoire de la Guilde des Lames du Destin -



I - L'Epopée de Destinée, première époque : Les Duels.
(L'histoire des commencements des guildes, de la fusion et de l'origine de Destinée)
I.1 - Le Commencement : Le Dragon Vert.
I.2 - Du Conflit à l'Union : Les Eléments.
I.3 - La Seconde Intervention Divine.
I.4 - Destinée : Les Origines.
I.5 - L'Autre Commencement : La Fusion.

II - L'Epopée de Destinée, deuxième époque : Acier sur Acier.
(L'apparition des Lames du Destin : de l'épée originelle à sa séparation en deux lames, et l'Histoire des Cercles : la "Lame de Lumière", "La Lame des Ténèbres", "La Lame de l'Harmonie").
II.1 - De l'Epée aux Lames.
II.2 - Histoire du premier Cercle : Les Lames de Lumière.
II.3 - Histoire du deuxième Cercle : Les Lames des Ténèbres.
II.4 - Histoire du troisième Cercle : Les Lames de l’Harmonie.
II.5 - Epilogue.




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I - L'Epopée de Destinée, première époque : Les Duels.
1 - Le Commencement : Le Dragon Vert.
La rencontre de deux êtres exceptionnels ne peut que générer des évènements exceptionnels. Ce serait par exemple le cas si une divinité venait à rencontrer un dragon. Or une telle chose est arrivée, quelques fois, bien que ce fût très rare. Il m'a été donné le privilège d'entendre le récit de l'une de ces rencontres, de la bouche de l'un des serviteurs du dragon en question.
Le dieu Heaume en personne, observateur parmi les observateurs, et grand parmi les grands, a quitté un jour son domaine, pendant le temps des troubles, pour venir converser avec un dragon vert, dont la puissance n'avait d'égale que l'éternité qui le séparait de sa naissance. Son nom: Fhwudhraak.
A la suite de cette rencontre, qui dura quelques temps, certains évènements, pour la plupart oubliés, qui ont marqué cette période pour le moins confuse, ont amenés Fhwudhraak a apprendre de Heaume, chose qui, on l'aurait cru, eût été inconcevable pour quiconque connaît l'orgueil d'un dragon, qui plus est vert. Mais qu'avait-il bien pu apprendre du dieu Heaume ? Justement tout ce qui fit la renommée de ce dernier: son goût, son devoir, et son sens de l'observation.
Par ce biais, Fhwudhraak fut l'un des seuls dragons de l'Histoire de Féérune (en tout cas le seul dragon vert) à s'intéresser aux créatures qui ne lui arrivent pas à la griffe: les elfes, les humains, et autres créatures humanoïdes, au point d'en venir à les observer, parfois même avec un certain plaisir. Il prit donc forme humaine, et avec elle le nom de Foo Dragh, avant de créer une confrérie, dans laquelle il pourrait étudier à loisir les combats entre aventuriers de toutes races humanoïdes. De nombreux aventuriers apprirent de lui, puis d'autres qui avaient été les premiers à le suivre, de nombreux talents et techniques de combats. La confrérie eut tôt fait de rassembler un grand nombres de membres, venant de la Côte des Epées, d'Amn, et même du Val de Bise. Tous frères par les liens du sang...non pas de celui qui coulait dans leurs veines, mais sur leurs armes. Elle acquit une certaine renommée, et on la nomma bientôt "Confrérie du Dradon Vert", sans, pourtant, qu'un seul de ses membres aient pu savoir que "le dragon vert", comme se plaisait à se faire appeler Foo Dragh, était bien plus qu'un surnom, comme les autres qu'on lui avait attribué, et notamment "mort émeraude"...
Quand il considèra qu'il avait suffisamment étudié, mais aussi suffisamment enseigné, chose qu'il n'avait pas prévu à la naissance en lui de ce que lui avait discrètement insufflé Heaume, il décréta qu'il n'était plus du devoir d'un dragon vert de poursuivre une telle expérience, et qu'un être de sa puissance avait mieux à faire. Il choisit donc deux de ses élèves parmi les premiers à l'avoir satisfait, et leur dévoila son secret. Ces deux êtres, un humain et un drow qui avaient appris à coexister malgré leurs différences de nature, continuèrent ainsi son oeuvre.

2 - Du Conflit à l'Union : Les Eléments.
Alors que la Confrérie, assez isolée, continuait sans Foo Dragh, même si celui-ci passait, parfois encore, observer quelques humanoïdes s'affronter, une rupture se fit sentir. Les mouvements d'aventuriers étaient fréquents: de nouveaux combattants désirant mesurer leur valeur arrivaient régulièrement, tandis que d'autres, n'ayant plus rien à prouver, ou en mal de nouveaux paysages, s'en allaient voguer sur d'autres horizons. Mais un départ se fit plus âpre, puisqu'une expérience similaire avait été tentée ailleurs, par l'un des anciens frères. Une brève guerre de souveraineté éclata alors, motivée par le désir des uns de perpétuer la légitimité de Fhwudhraak, et par la volonté des autres d'acquérir une indépendance. Ces derniers avaient un but différent de la seule expérience, une motivation plus mystique : celle de défendre un équilibre entre les éléments naturels. On les nomma bientôt "Gardiens des Eléments".
La guerre s'acheva quand ce nouveau groupe d'aventuriers trouva sa juste place dans Féérune. La confrérie du dragon vert et les gardiens des éléments s'ignorèrent un moment, vivant séparément, et assez éloignés pour qu'aucun trouble ne vienne rompre la quiétude paradoxale des violents combats qui se menaient de part et d'autre. Bientôt pourtant, on assista à des rencontres pacifiques entre frères et gardiens, acceptant même des combattants appartenant à des clans de contrées plus lointaines. Mais cette histoire, fruit d'un dragon et d'un dieu en sa source, ne s'achève pas là, car Heaume n'a pas le monopole de la divinité...

3 - La Seconde Intervention Divine.
Tempus avait suivi ces évènements d'un regard distrait. Il savait que Heaume en était à l'origine, mais n'y prêtait attention que lorsqu'il pouvait y trouver un intérêt. Alors que Heaume tient le rôle de l'observateur par excellence, et qu'il n'avait aiguillé Fhwudhraak que dans ce but, Tempus ne peut qu'apprécier les affrontements à dessein, et il intervient donc parfois dans le destin de certaines créatures dont un don pour l'art du combat, exceptionnel, peut le servir. Il est curieux de voir comme les dieux se plaisent parfois à modifier le sort des royaumes par l'entremise d'une seule personne ou d'une poignée d'individus, que ce soient une jeune marchande de Bérégost ou, plus tard, deux frères jumeaux ne connaissant que leur forêt.

4 - Destinée : Les Origines.
Destinée était une jeune fille pure, une humaine de "mauvaise naissance", n'ayant jamais connu son père. Elle vivait des maigres revenus que lui rapportait son commerce de potions à Beregost, qu'elle avait repris à la mort de sa mère. Petite, elle avait d'abord vendu des fleurs, qu'elle cueillait dans les sous-bois ou dans les prés au sud de la ville, malgré les avertissements incessants de sa génitrice concernant un ogre mage dévoreur d'enfants, et les rumeurs sur des grouilleux qui n'attendaient qu'une proie comme elle. Mais elle était vive et rapide, échappant toujours à ces monstres chaque fois qu'elle les voyait arriver, ou sentait leur odeur fétide se rapprocher. Les aventuriers qui se ravitaillaient auprès de sa mère, et qui parfois s'en allaient avec elle à l'auberge, dans ces rares moments où sa mère l'abandonnait à elle-même sans qu'elle ne devine ce qu'elle allait faire avec ces hommes, achetaient parfois ses fleurs à Destinée, pour l'une de leurs compagnons d'armes féminins ou pour une demoiselle du pays, et même parfois pour sa propre mère. Ces quelques pièces supplémentaires n'étaient pas de trop, et Destinée connaissait la dureté du commerce ambulant, de taverne en taverne, quand elle se mit à vendre les potions (commandées à un alchimiste de Nashkel) alors que le deuil de sa mère, égorgée par un maraudeur une nuit de pleine lune, était à peine entamé.
Destinée était déjà une fort belle jeune fille, dont les formes généreuses lui attiraient plus souvent des ennuis que des faveurs, avec les ivrognes imprégnés de bière qui fréquentaient Beregost, quand le commerce de potions s'était avéré plus rentable que jamais. La connaissance du passage, quelques années auparavant, d'un groupe d'aventuriers mené par un héros légendaire -un fils de Bhaal, disaient les rumeurs- avait amené à Bérégost nombre de pseudo-aventuriers effectuant une sorte de pèlerinage. Ne pouvant guère se payer plus que des potions, ils achetaient souvent pompeusement quelques fioles à Destinée. Il arrivait que certains combattants sur le retour, marqués par le poids des ans, la confondent avec sa mère et lui proposent quelques pièces en l'échange de ses faveurs. Mais Destinée refusait : elle n'était pas de la même trempe que Silène, la fille de joie du quartier.
Elle ignorait tout de ses origines, et elle avait un jour compris que sa paternité devait être obscure, quand elle fût en âge de comprendre que le commerce de potions de sa mère n'était pas sa seule activité. Elle ignorait du même coup la source de son prénom. Mais sa mère, alors que Destinée était encore une enfant, lui racontait souvent qu'elle avait rencontré son père dans une forêt, très loin de Bérégost, là où elle vivait étant jeune. Ce souvenir l'obsédait, tant Destinée était persuadée que sa mère n'avait pu lui mentir complètement, même pour la rassurer sur sa paternité.
Quelques mois après la mort de sa mère, un paladin en retraite, disant venir d'Amn, se présenta à Destinée. Il lui acheta quelques potions de soins, et ajouta quelques pièces pour que celle-ci la suive quelques instants à l'auberge la plus proche. Destinée ne fût pas surprise par cette proposition, même de la part d'un paladin, et elle refusa sans détour,. Mais celui-ci insista sur la pureté de ses intentions, invoquant ses insignes, celles d'un soi-disant "Ordre du Coeur Radieux", qui prouvait sa loyauté. Elle accepta donc, non sans quelque appréhension. Arrivé dans sa chambre, le paladin dévoila un livre ancien, ressemblant à un grimoire, et affirma que l'ordre l'avait chargé de le lui remettre en mains propres, et que c'était, lui avait-on assuré, "une mission de la plus haute importance" (même s'il se doutait que cette "importance" devait être plus sentimentale que sécuritaire, car il s'était laissé dire que c'était le remord d'un membre de l'ordre qui avait motivé cette mission...).
Bien sûr, Destinée ne savait pas lire. Le paladin répondit qu'il était de son devoir d'accomplir sa tâche jusqu'au bout, et il entreprit donc de lire intégralement cet étrange ouvrage à Destinée. Ils passèrent deux jours et deux nuits dans cette chambre. Lui à lire, et elle à écouter passionnément. C'était le journal de sa mère. Celle-ci avait beaucoup voyagé, et elle léguait, par ses confessions, tout son savoir à sa fille.
Vers la fin de ce journal intime, l'heure vint de dévoiler à Destinée le secret de sa conception. Voilà ce que livrait le passage écrit par sa mère:

« Mon enfant, il faut que tu saches la vérité sur tes origines. Je crois être ta mère mais même cela n'est point certitude. Ne me crois pas folle, je suis plus lucide désormais. Et je serai sereine après avoir achever ces lignes. Si j'ai voyagé, c'est pour apprendre à devenir forte. Tu me crois une simple marchande, mais avec les pages et les pages qui t'ont, si tout s'est bien passé, été lues, tu as su que j'avais eu une autre vie avant celle-ci. J'ai tout sacrifié, mais ne te sens pas responsable, car je sais que ça en valait la peine. Pour toi, et pour les nôtres.
Si je dis que je ne suis pas sûre d'être ta mère, c'est que j'ai une histoire à te conter, une histoire que tu ne croiras sans doute pas, et pourtant il le faut.
Là où j'ai vécu mon enfance, j'ai découvert un jour une clairière, au milieu d'un bois près de la maison de mes parents, une clairière absolument fabuleuse. Le plus étrange est que mon père, rôdeur de son état, connaissait parfaitement ce bois, et pourtant il n'a jamais cru cette histoire, car, disait-il, cette clairière je l'ai rêvée, elle n'a selon lui jamais existé. Mais la force de ce qui s'est passé ce jour ne peut me laisser aucun doute.
Tu sais combien ma vertu est souillée aujourd'hui, mais à cette époque il n'en était rien, je te le promets. Ce jour-là, j'ai connu l'amour, et pourtant je ne suis qu'une catin. Ce jour-là, j'ai trouvé un artefact d'une grande valeur, et pourtant je n'ai jamais été riche. Ce jour-là, je suis tombé enceinte, et pourtant tu n'as jamais eu de père. Ce que j'essaie de t'expliquer est inconcevable et indescriptible. Mais saches que tu as un père. Saches que tu es riche, non par ce que tu possèdes mais par ce que tu vaux. Et saches que j'ai été aimée, et que je t'aime.
J'ai lu ton nom, gravé dans l'acier. Je l'ai fais tiens, Destinée. Depuis ce jour j'ai voyagé et j'ai appris. Pour ensuite t'apprendre. Mais un matin je me suis éveillé à la réalité, il m'a semblé que je tournais folle et j'ai souhaité tout oublier. Alors l'épée de ma mémoire s'est effacée. Tout simplement.
Puis je t'ai élevé comme j'ai pu, mais rien de ce que j'avais appris je ne t'ai enseigné. Aujourd'hui, alors qu'un autre tourne pour toi les dernières pages de ce journal écorné, c'est chose faite: par ces lignes tu connais ton nom et tu connais son sens. Tu connais la sagesse que j'aurais dû, plus tôt, t'apporter. Tu te connais, Destinée.
»


Vinrent ensuite quelques lignes que le paladin ne pu lire, tant les larmes inondaient son visage et brouillaient sa vue. Destinée lui demanda de lui relire le livre depuis son commencement. Il fut surpris, mais s'exécuta, et cette ambiance particulière, ce lien qui les unissait désormais dans l'apprentissage, perdura jusqu'au lendemain. Destinée apprenait désormais à chaque parole du paladin, qui se faisait la voix de sa mère. Elle devenait plus sage de mot en mot, car elle percevait maintenant différemment ce que signifiait réellement cet héritage. Il n'était pas un journal mais un manuel. Elle apprit tout de l'expérience de sa mère, comme si c'était elle-même, Destinée, qui avait traversé les royaumes, discutant de l'art avec les plus grands, affrontant des créatures diverses, dont certaines d'une puissance insoupçonnable, défiant le danger pendant des semaines durant, bravant moult pièges et périls. Elle n'était plus une marchande de potions, de même que sa mère ne l'avait jamais vraiment été.

5 - L'Autre Commencement : La Fusion.
Destinée et le paladin s'en sont allés sur les routes. Ils erraient, sans but, d'Amn à Pasdhiver, de la côte des Epées à Eauprofonde, du Val de Bise à La Porte de Baldur. Mais un jour, Destinée trouva sa place. Alors qu'elle s'était arrêtée pour accorder à son compagnon un peu de repos, celui-ci ne tenant plus la distance comme elle, qui, étrangement, le pouvait un peu plus de jour en jour et de semaine en semaine. Plus elle marchait, rencontrait et apprenait, et plus la force la rejoignait, force divine s'il en est, puisque chaque effort était comme un sommeil mérité, comme si elle avait été extrêmement fatiguée et lasse sa vie durant, et que cette fatigue disparaissait. Elle était devenue sage en lisant l'héritage de sa mère. Elle devenait forte en marchant sur ses pas.
Ils étaient assis sur un tronc d'arbre fraîchement abattu, et le tumulte de voix et de cris se firent entendre. Destinée pria son compagnon d'armes de se relever, et ensemble ils gravirent une colline, pour découvrir, en bas de son autre versant, une arène entourée de gradins dans lesquels se mêlaient combattants et guerrières de tous horizons, archers et roublards de tous poils, sorciers et clercs de toutes écoles et de toutes fois. Ils surent qu'ils étaient chez eux, et s'installèrent pour de longs mois.
Mais le paladin qui lui avait apporté son soutien était usé par le chemin qu'ils avaient ensemble parcouru. Il avait vieilli, alors que Destinée s'était épanouie. Elle était devenue femme, sans qu'on puisse lui donner un âge. Lui qui lui avait apporté son salut par le livre, lui qui lui avait prêté main forte dans ses périples, lui qui avait été banni de son ordre depuis longtemps pour l'avoir suivi alors que sa mission était finie, qui avait tout laissé pour l'aider à accomplir son destin, voilà qu'il sacrifiait sa vie. Elle le sentait : il se laissait mourir. Car elle devait être seule. Elle avait été élue pour porter un fardeau, elle était peut-être l'enfant d'un dieu, elle était Destinée. Pas lui. Alors il s'effaça de la manière la plus noble qui soit , au milieu de tous ces combattants qui avaient été conquis par son courage, et par le charisme de Destinée.
Etrangement, Destinée connaissait leur histoire à chacun, elle savait qui, parmi tant, était chaque individu. Elle sentait l'ombre d'un autre dieu que son père peser sur leurs épaules. Elle sentait que parmi eux, elle était chez elle. Car ils avaient tous compris qu'il était un but à accomplir: celui de Destinée. Peu importe ce but, peu importe sa destination, ils la suivraient et l'appuieraient. Son magnétisme était si grand qu'elle attira à elle chaque groupe d'aventuriers, chaque loup solitaire, chaque frère et chaque gardien qu'elle croisait. Elle connaissait l'histoire des membres de ces "expériences combatives", et si elle s'était sentie chez elle, c'est qu'elle comprenait le dessein du combat à un contre un, à l'issue si....destinée ? Non, justement. Seul le résultat d'un combat ne peut être écrit, qui plus est quand ce combat engage des forces si élevées que la différence de niveau en devient infime. Elle se sentait destinée à ne pas l'être.
Alors elle prit un ensemble d'individus isolés et en fit un groupe. Elle appela tous les frères du dragon vert, et tous les gardiens des éléments qui vivaient là, avec, pour seule raison de vivre désormais, celle de Destinée. Elle s'appuierait sur eux pour propager sa force et sa sagesse à tout Féérune. Qu'ils soient bons ou mauvais, loyaux ou non, elle les fondit en un, comme sa mère avait jadis fusionné son corps avec l'esprit qui transparaissait au travers d'une épée divine pour lui donner naissance.
Destinée accomplit l'ultime fusion, ce pour quoi elle était née. Faire par le duel que le groupe ne fasse qu'un. Et, bien sûr, ce n'était qu'un début. Avec ces lames si solides que constituait chaque membre comme une particule d'acier trempé, le rassemblement gagnerait bientôt bien plus que deux groupes de duellistes. Son charisme et sa sagesse lui avait donné le pouvoir de réaliser l'impossible, c'est à dire d'apporter aux royaumes leur seule chance de salut : l'Unité.


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II - L'Epopée de Destinée, deuxième époque : Acier sur Acier.
1 - De l'Epée aux Lames.
Dans un petit village situé au confluent exact de trois fleuves, naquirent jadis deux frères. Des jumeaux, parfaitement identiques, à une différence près. Cette différence était certes minime et à peine perceptible, mais elle était le seul moyen de les reconnaître l'un l'autre: l'un avait la main droite légèrement plus épaisse que la gauche, tandis que le deuxième avait la main gauche à peine plus volumineuse que la droite, et ce dès leur naissance. Cette particularité ne les gênait en rien, mais elle ne manquait jamais de susciter quelques interrogations, alors que leur difformité s'accroissait avec l'âge.
Pourtant, un jour, alors qu'ils s'entraînaient tous deux, comme à l'accoutumée, au maniement des armes, l'un des frères ressentit une douleur lancinante à l'épaule, alors qu'il s'apprêtait à porter un coup d'épées à l'un des arbres qui jouxtait leur demeure. Son frère ressentit bientôt la même sensation mais s'en accommoda. Mais au fil des jours, la douleur s'installait de plus en plus, au fur et à mesure qu'ils s'entraînaient. Ils remarquèrent bientôt que le maniement de certaines armes les gênait plus que d'autres. En effet, sans qu'ils puissent se l'expliquer, les différentes épées et autres armes tranchantes qu'ils avaient acquises au forgeron du village ne leur furent bientôt plus accessibles, tant leurs épaules respectives leur faisaient souffrir le martyr sitôt qu'ils s'en saisissaient. Plus tard, ils se mirent à en plaisanter, se disant qu'ils n'auraient plus d'autre choix que de prononcer leurs vœux de clercs...
Quelques mois s'écoulèrent, et pour les deux frères vint l'heure de quitter leur village natal pour courir l'aventure. C'était la première fois qu'ils quittaient leur foyer, et ils se rendirent rapidement compte que sortir de l'enceinte protectrice du village présentait de nombreux dangers. Mais ils maniaient assez bien le bâton et le fléau pour repousser sans mal les quelques kobolds qui se risquaient à les approcher. La septième nuit après leur départ, alors qu'ils avaient établi leur campement de fortune près de l'endroit où les trois fleuves se rejoignent, un grondement étrange, qui se mêlait au bruissement de l'eau, les réveilla. Ils crurent d'abord à une bête sauvage, mais leur expérience de la nature les amena à remarquer que les quelques petits animaux alentours ne s'inquiétaient pas de ce bruit, comme ils l'auraient immanquablement fait s'il avait été le fait d'un prédateur potentiel. Les deux frères prirent donc leur courage à deux mains et s'enfoncèrent dans l'obscurité de la forêt, se rapprochant peu à peu de l'origine de ce son si particulier, si inhabituel.
Ils arrivèrent enfin à l'orée d'une clairière. En son centre se dressait un petit socle de pierre, dans lequel était insérée une étrange épée, d'une forme assez curieuse, et exceptionnellement grande. Ils avaient entendu toutes sortes de légendes sur des bizarreries comme celle-ci, et ils auraient cru à un canular si de cette épée gigantesque ne s'était élevé ce son si particulier, comme des voix entremêlées, dans un dialecte qu'ils n'avaient jamais entendu, et si ce socle n'avait pas été entouré d'une mystérieuse aura lumineuse, que seules des milliers et des milliers de lucioles auraient pu produire. Le premier des frères entrepris de sortir l'épée de son socle. Il plaça ses deux pieds d'un côté et de l'autre de la lame, puis se saisit de la garde en tentant de la remonter contre son torse. Sans succès. Alors qu'il fatiguait, le second essaya à son tour. Mais l'épée ne vouait pas bouger d'un pouce. Ils s'étaient mis à rêver qu'ils avaient l'un ou l'autre un destin particulier, un don hors du commun. Mais il fallait se rendre à l'évidence: l'épée n'était destinée ni à l'un, ni à l'autre. Ils s'assirent donc dans l'herbe à la contempler, et se dirent que, même s'ils avaient pu soulever l'épée, elle ne leur aurait été d'aucune utilité. En effet, elle était manifestement impropre au combat, tant sa lame était épaisse et large, et son manche et sa garde inadaptés à des personne de taille humaine ou humanoïde. Ils ne voulurent pourtant pas abandonner si rapidement, et décidèrent de renouveler la tentative, en tirant à eux chacun une moitié de la garde. A leur grande surprise, l'épée jaillit du socle de pierre sans effort. Le sol se mit alors à trembler et la terre à gronder, et toute la forêt sembla s'éveiller en même temps. Les deux frères tenaient toujours la lame à pleine main, et ils voulurent s'en séparer pour courir loin de ce tumulte de plus en plus insoutenable. Mais ils eurent beau s'acharner, ils ne purent s'en défaire, comme si la lame était devenue le prolongement de leurs deux corps réunis. Soudain une violente lumière parcourut toute la lame, depuis la pointe jusqu'à la garde, et se prolongea jusqu'au pommeau. Les bruits de la forêt en émoi cessèrent soudain, comme si rien ne s'était produit. Chacun des deux frères tenait une épée parfaitement adaptée à leurs mains presque difformes. L'un la tenait dans la main gauche, l'autre dans la main droite. Stupéfaits, ils eurent l'impression de comprendre maintenant les voix qui s'élevaient de leurs deux lames. Cette langue leur était maintenant familière, comme s'ils l'avaient toujours connu. Une inscription identique s'étendait sur chacune des lames, apposée sur la face où les deux lames étaient jointes pour n'en former qu'une, quelques instants plus tôt. Etrangement, ils comprenaient aussi ces symboles, représentant le nom de celui qui avait forgé ces lames: Tempus. Et sur le manche était inscrit le nom de leurs épées en lettres dorées d'où émanait une lueur bleutée. Ce nom leur prouvèrent qu'ils étaient, depuis toujours, liés par leurs mains à l'une des légendes les plus anciennes de Féérune, et que, quoi qu'il advienne, leurs épées les protègeraient. Ce nom : "Les Lames du Destin".

2 - Histoire du premier Cercle : Les Lames de Lumière.
Les contraintes qu'imposent un destin hors du commun sont souvent structurantes : elles ont un impact sur l'identité même du détenteur d'un pouvoir hors normes. Ce fut ce qui arriva pour celui des deux frères qui avait été gratifié de la partie droitière de l'Epée, héritage lourd à porter.
Depuis ce jour, la différence entre sa main droite et sa main gauche s'était considérablement accrue. L'épreuve qui avait suivi la découverte des lames l'avait, de plus, profondément blessé. Pendant un temps il n'avait été que l'ombre de lui même, errant dans la forêt, sans manger ni dormir, pendant plusieurs jours, qui lui avaient parus des semaines, des mois, des années. Il croyait qu'il ne pourrait jamais vivre à nouveau en accord avec sa conscience, et il avait pensé pendant un temps se laisser dépérir et mourir là, sa lame à la main droite. Mais il avait eu la vision, alors qu'il était totalement épuisé, de son corps allongé dans l'herbe, au pied d'un arbre. Dans cette vision ce n'était pas "sa" lame du destin qui scintillait auprès de lui, mais l'épée d'origine, toute entière, entourée de la même aura de lumière que lorsque lui et son frère l'avaient retiré du socle de pierre. Les voix lui parlaient encore, mais elles n'étaient à nouveau que bruissements et éclats.
Puis il revit la scène qui l'avait amené là, mais cette fois sous un autre angle. Il ne comprit d'abord pas. Il se voyait se battre avec une ombre, un combattant sans visage, agile et rapide, qui portait des coups fulgurants contre son flanc droit, et dont la lame, d'un rouge sang, semblait prolonger son bras gauche. Puis les traits de son adversaire devinrent plus nets. C'était son propre frère. Il avait vécu cette scène, mais la voyait de plus loin, comme si sa position n'était plus celle du combattant mais du juge. Il voyait comme avait vu l'Epée. Ou plutôt comme aurait vu l'épée s'ils l'avaient, lui et son frère, laissée à son emplacement d'origine, bien ancrée dans la pierre brûlante, chauffée par les rayons de soleil qui inondaient la clairière.
A nouveau, les mots lui apparurent progressivement plus distincts. C'était bien l'Epée qui lui parlait…à moins que, à travers elle, une entité bien plus puissante encore n'ait voulu lui redonner foi en sa propre vie. A ces paroles, il se releva, l'esprit soudain net et clair, comme s'il avait été nourri par cette voix, et régénéré par ces mots. Il était devenu encore plus fort, plus rapide. La sensation qu'il avait éprouvé en obtenant la lame lui était parvenu une nouvelle fois, surgie de nulle part sauf de cette voix mystérieuse, langage des dieux et des ancêtres, langage de puissance et de générosité. Il était devenu plus intelligent, plus sage, et son esprit plus vif.
Désormais il vivait quelque part dans la région d'Eauprofonde, sans doute isolé dans la nature et assez loin de toute vie humaine pour ne pas être inquiété, et assez près de ses subordonnés pour les guider et leur fournir assistance, leur prêtant un peu du pouvoir dont il avait hérité, chaque fois que ces " bienfaiteurs ", comme on les surnommait dans les proches contrées, en avaient besoin. Deux personnes exécutaient maintenant ses ordres à la lettre, depuis des années, se faisant ses fidèles. Personne ne connaissait le nom de celui qui se cachait derrière leur cercle, pas même les deux Chefs de Cercle. On parlait parfois de lui comme étant " le juste " ou, plus fréquemment, " le droitier ". Seul importait leur dessein commun, à lui, et à ses suiveurs. Ce but ultime et noble, c'était celui que lui avait soufflé la voix pendant sa vision, après lui avoir montré que l'équilibre avait été rompu au moment exact où les deux lames, qui n'en formaient jadis qu'une seule et unique, s'étaient entrechoquées pour la première fois, avec la colère des deux frères. Quand, juste avant son réveil, le sang de son frère, donc son propre sang, commençait à couler le long du tranchant de sa lame, la voix lui avait soufflé posément, avec un volume sonore qui lui aurait brisé les tympans s'il n'avait été dans un état second, le mot qui avait achevé de sceller son destin : Lumière.

3 - Histoire du deuxième Cercle : Les Lames des Ténèbres.
Le dernier souvenir qu'il avait était celui de son sang souillant ses mains. Sa main gauche paraissait plus sombre, plus écarlate que rouge, comme si ses particularités rendaient sa peau plus poreuse. Il était mort, du moins le croyait-il. Mais quelque chose lui faisait ressentir que son corps était encore imprégné d'une partie de son âme. Quelques heures s'écoulèrent, son esprit demeurant toujours voilé comme son regard. Il ne sentait plus la douleur que la plaie ouverte par la lame de son frère lui avait infligée.
Puis il entendit une voix dont il ne distinguait pas les mots, mais dont il avait l'impression qu'il aurait compris le sens s'il avait été en état d'écouter. Il songea un moment que cette voix était celle de l'épée que lui et son frère avaient tiré du sol peu de temps auparavant. Bénédiction ou malédiction ? Allongé sur le ventre, l'estomac presque à l'air, il ne doutait plus.
La voix se rapprochait. Des cris, des appels. L'appelait-on à l'aide ? Si c'était le cas, il fallait que cette personne soit bien désespérée pour quérir un mourant ! Non, ce n'est pas lui qu'on appelait. C'était son âme. On implorait son retour. Soudain la violence de la douleur réapparut et son corps émit un soubresaut. Il se releva d'un bond, se sentant soudain emplit d'une énergie nouvelle, d'une puissance incalculable. Puis il vacilla, chancela, et s'écroula devant le promontoire d'où il avait extrait sa lame. Curieusement, il ne ressentit pas la douleur que sa blessure aurait dû lui infliger une nouvelle fois. Il examina son abdomen, et, à sa grande surprise, la plaie s'était refermée ; seule sa besantine avait gardé la marque du passage de la lame qui prolongerait désormais la main droite de son frère. Le souvenir de son jumeau lui assenant le coup fatal le ramena à la réalité et il chercha sa propre lame du regard. Elle n'était plus là où son corps reposait quelques instants plus tôt. Il s'affola. Puis il entendit alors le léger bruit d'un pas foulant le sol par derrière lui. Il se retourna brusquement, s'attendant à voir son frère, revenu pour l'achever. Au lieu de cela, il vit un combattant en armure, armé, dans une main, d'un lourd marteau de guerre, et de sa propre lame dans l'autre.
L'inconnu était dos au soleil, et, pendant quelques instants, il ne parvint pas à distinguer son visage. Mais sa silhouette était celle d'une femme. Son harnois plain l'avait trompé au départ, mais la courbe de ses hanches trahissait sa nature. Elle lui tendit l'épée sans mot dire. Il hésita, puis son regard s'arrêta sur son visage. Il fut soudain saisi d'une terreur infinie et resta paralysé. Ses pensées fusaient pourtant, et il se demanda s'il ne venait pas de se faire pétrifié. Une prêtresse elfe noir ! Il se dit qu'il aurait préféré mourir, car il venait de comprendre que ce qui l'avait ramené à la vie, en sommant son âme de revenir, n'était ni l'épée, ni l'être supérieur qui parlait à travers elle. C'était cette prêtresse qui avait utilisé sur lui les pouvoirs de nécromancie conférés par sa foi. Son corps allait continuer à pourrir, puis il deviendrait bientôt un vulgaire combattant squelette qui grossirait demain les légions aux ordres des drows…
Quelques jours avaient passé et aucun son n'était encore sorti de la bouche de sa maîtresse. Elle l'avait amené dans une petite cabane abandonnée, probablement celle d'un rôdeur imprudent, qui s'était fait depuis longtemps dévoré par les loups. Son corps n'avait pas pourri. Bien au contraire, il s'était endurci. Celle qu'il avait pris pour la mort s'était révélée être sa sauveuse. Il ne quittait plus sa lame, et même, s'il l'avait souhaité, il aurait pu partir. Mais, alors qu'il était convalescent, elle lui avait fait goûter aux délices physiques qui font la réputation des femelles elfe noir dans les royaumes. Il n'avait pas envie de quitter ce lieu, même si la haine qu'il éprouvait désormais contre son frère ne cessait de croître, et qu'il lui tardait d'assouvir sa volonté de vengeance. Il avait eu tout le temps de réfléchir à ce qui avait pu les amener à s'affronter mais ne trouvait guère d'explications. Tout ce qui lui importait était le résultat : sa souffrance.
Au bout d'un mois il se réveilla seul. Plus rien dans ce petit havre de paix ne laissait de signe de celle qui avait été son amante. Les rares réponses aux questions qu'il lui avait incessamment posées lui avaient seulement appris qu'elle n'était pas une prêtresse de Talos, comme il l'avait crut au début. Elle était seule à la surface, et se posait fréquemment, elle aussi, beaucoup de questions, comme par exemple celle de savoir pourquoi, et comment, elle était venue dans cette clairière pour le rappeler à la vie et le secourir. Cette impression de vide qui régnait maintenant ici l'amena à se demander si tout cela n'avait pas été qu'un rêve. Il fit ses bagages et quitta à tout jamais cette forêt où il était déjà mort une fois.

On raconte aujourd'hui que c'est lui qui aurait fondé les "Lames des Ténèbres", même si certains en doutent, car tout le monde connaît, au moins de réputation, les deux chefs légitimes de ces assoiffés de sang, de ces disciples de la haine. Mais, parfois, leurs suivants sentent que leur nature individualiste est irritée, comme s'ils étaient tourmentés par la soumission de leurs décisions à une autorité supérieure. Ils quittent d'ailleurs régulièrement l'antre de leur cercle, pour une sorte de pèlerinage entouré du plus grand secret. Et, à leur retour, il arrive fréquemment que la politique du Cercle en soit considérablement bouleversée, comme si les deux Chefs de Cercle avaient reçu des ordres nouveaux, pour semer la destruction et accomplir un but plus élevé, comme une vengeance personnelle qui aurait prise une ampleur dépassant l'entendement.
Certains conteurs affirment que ce n'est qu'une manœuvre supplémentaire pour inspirer la crainte à leurs subordonnés, leur faisant miroiter l'idée qu'en cas de désobéissance, ce n'est pas seulement l’un des deux chefs qui les punira, mais surtout le possesseur de la véritable lame des ténèbres, dont le pouvoir serait, s'il est encore vivant, inégalé. Pourtant, la majorité des habitants de la région n'accorde pas ou peu de crédit à cette version, et pensent que cela n'a rien d'un subterfuge, mais que c'est bel et bien le détenteur de la lame qui, dans l'ombre, contrôle la puissante faction. Ainsi, chacun des membres de ce Cercle est communément appelé " Lame des Ténèbres " par ceux qui les craignent ou les soutiennent, entendant par là qu'ils subissent, eux aussi, la fatalité de leur destinée, l'ayant sacrifiée aux aspirations mystérieuses des " Lames du Destin ".

4 - Histoire du troisième Cercle : Les Lames de l’Harmonie.
Acier contre acier, puis chair contre chair.
Eternité, Destinée, puis la Fin.
Le cycle des trois cercles des Lames du Destin était achevé,
les trois épées complétées, réunies.
Trois puis l’Unique. La Lame.
Celle de l’excellence, de la pureté.
La Lame de Perfection.

Destinée avait rêvé, comme souvent. Mais cette fois elle avait cru saisir le sens de ses songes, ou du moins saisir la manière de leur en donner un, depuis que chaque nuit ils devenaient plus précis. Elle savait depuis longtemps que sa destinée passait par l’Unité. Mais dans quel but ?
Destinée et ses Lames, le groupe d’aventuriers qui l’avaient rejointe, étaient voués corps et âme à « subir » le destin, à le respecter. Mais ils n’en étaient pas moins conscients des réalités de leur monde, y compris de la grande place occupée par le libre arbitre dans les choix des êtres pensants. Cette part de trouble pour les serviteurs du destin était souvent sujet à des discussions entre les prêtres et les mages de la guilde (surtout lorsque la question de la magie entropique s’en mêlait !), et les sages avaient souvent à rappeler, contre la fougues des plus jeunes, que, malgré l’enseignement de Destinée, né de son expérience et de l’étincelle divine qui lui avait donné vie, les Lames *ne devaient pas* être des fanatiques, soumis perpétuellement au destin, l’adulant et subissant sans réagir les épreuves du combat qu’est la vie.
C’est ainsi que l’un des sages compta à quelques jeunes gardiens qui le lui avaient demandé, les évènements qui avaient conduit à ce rêve ultime de Destinée.
Après que les jumeaux eurent chacun appris à user du pouvoir que leur conféraient leurs lames respectives, ils purent asseoir un certain pouvoir sur ce qui fut génériquement nommé dans un premier temps "Confrérie des Lames". Il était alors clair, pour beaucoup, que les "Lames du Destin" (les épées, non le groupe), ne pouvaient être sans lien avec l’existence de Destinée, bien que les jumeaux ne la connurent pas encore lors de leur ascension.
Il est trop rare d’assister à des interventions divines dans les Royaumes pour que deux évènements si similaires que la découverte de l’épée puis sa scission, d’un côté, et la naissance puis l’avènement de Destinée, de l’autre, soient le produit de pures coïncidences. Il "devait" exister un lien.
Malgré cette évidence, il était particulièrement ardu d’y voir clair parmi tant de mystères. A cette époque, même les paroles des plus sages de la guilde naissante paraissaient sorties des limbes, tant la confusion à ce sujet était totale. Le doute emplissait alors le cœur des Lames, car tout le monde savait que Destinée n’y voyait pas plus clair et n’en savait pas beaucoup plus qu’eux, malgré son infinie sagesse.
Tant de questions qui lui étaient primordiales l’obsédaient alors :

"Pourquoi une deuxième intervention divine (après sa naissance : la Lame divisée) ? Pourquoi une Lame, puis deux, faisant ainsi de l’Unité tant recherchée son contraire ? Et pourquoi ses rêves évoquaient-ils toujours trois Lames ? (Existait-il une troisième épée ayant le même pouvoir ?) Et surtout, pourquoi tant d’épreuves et d’intrigues, si Destinée ne possédait aucune arme à l’égal de celles des deux frères ennemis pour les affronter, alors même que le conflit perpétuel des jumeaux risquait de déchirer de nombreuses vies encore longtemps, mettant en péril l’Unité de la guilde, et peut-être un jour celle des Royaumes ? Pourquoi ?"

Mais, enfin, grâce à ce rêve, Destinée avait "su", et "compris" : elle avait douté mais ses élèves avaient continué de la suivre ; elle ne les avait pas mené sur une mauvaise voie en cherchant l’Unité. Seulement, aussi paradoxal que ce fut, maintenant que tout devenait clair, l’Unité devait être secondaire.
Au dessus d’elle primait la Pureté. Non la pureté du cœur, de l’âme ou des sentiments (du moins pas nécessairement, et d’ailleurs les Lames avaient toujours vu se coudoyer les êtres les plus justes, au cœur et à l’âme purs, et les plus vils, marqués par le profit et le mal) mais celle de la Vie, la pureté de cet ensemble d’actes en apparence décousus, qui devaient mener à la Perfection.
Le devoir, la pureté, la perfection : un triptyque qui donnait naissance, par ce rêve, à la troisième Lame. Cette troisième lame, force parmi les forces, était insuspectée jusqu’alors car immatérielle, née de concepts que seul l’esprit de Destinée maîtrisait, bien que tous fussent désormais capable de les percevoir partiellement, sans toutefois les saisir.
Cette lame était un sort né la magie divine, la « Lame de l’Harmonie », donnée par son père à Destinée, via ses songes, quand il la sentit prête. La seule lame qu’elle n’utiliserait jamais, son statut de prêtresse l’ayant décidé. Mais cette arme était différente d’une épée d’acier. Elle était pure, elle puisait sa force dans la volonté et le sens du devoir de Destinée. Elle était parfaite.

5 - Epilogue.
Alors que la Lame de Lumière en possession du jumeau au cœur pur, et la Lame des Ténèbres du frère à l’âme sombre étaient de métal (malgré leur magie indéniable), celle de Destinée était pure projection de l’esprit divin. Grâce à elles, "toutes" les Lames du Destin pouvaient co-exister sous sa bannière, la Lame de l’Harmonie neutralisant quand nécessaire le vice et la vertu, le juste et le traître, la compassion et l’égoïsme, les Lumières et les Ténèbres.
L’Unité n’était donc qu’un "outil". Un outil formidable offert par la Lame de l’Harmonie pour pouvoir apporter pureté et perfection. En ces moments, quand Destinée le jugerait nécessaire, Lumière et Ténèbres deviendraient Harmonie : les trois lames n’en formant qu’une, l’Unique : la Lame du Destin. Et alors la perfection serait possible.


<Kayomi> je voulais devenir Lame sans passer par la case "aspirant"
<tass|zuzur> reve
<Kayomi> c'est tout!
<tass|zuzur> reve²
<Vargas> rigole pas, moi je l'ai fait
<tass|zuzur> keskil fai a reims tim ?
<Vargas> enfin nous on l'a fait
<Kayomi> je suis pas sure qu'il soit la bas
<Kayomi> ms je pense
<tass|zuzur> ouai mais toi t étai la dès ldébut
<tass|zuzur> moi on m avait oublié un moment
<Kayomi> mdr
<tass|zuzur> c est quand yoyo a appris ke gt pas lame k il a été surpris l a tilté
<tass|zuzur> tss com si jpassai inapercu
<Jash|Ptha> ouais moi ossi je l ai fait
<Kayomi> l o l
<Jash|Ptha> qd j y pense
<Vargas> on est trop fort !
<tass|zuzur> et maintenant ca tourne a 2 post par mois sur le forum rhalala
<Jash|Ptha> ouais c clair
<Vargas> ah nan, là je suis à 4
<Kayomi> parle pour toi
<Jash|Ptha> stop pas d accord
<tass|zuzur> hou pinaise
<Kayomi> mopi j'en suis a 2 par an
<Jash|Ptha> on a remonté la moyenne
<Vargas> hé
Vargas
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