«L’imagination est plus importante que le savoir». Albert Einstein
..:: Récit - - En quête... ::..



Auteur : Meaglin.
Dernière modification : le 04 Avril 2005 à 01h05.

Resumé :
C'est parfois du plus profond des ténèbres que jaillit la première étincelle. Contrainte à se cacher ou à sommeiller, elle finit par s'embraser en un gigantesque brasier et guide l'être pour lui faire surmonter les obstacles et trouver sa voie...



En quête...

Perché sur un arbre au milieu d'Eauprofonde, un elfe à la peau bronzée murmure doucement, comme à lui-même, bercé par la douce complainte du vent:

Je suis Meaglin Tulkas, aujourd'hui membre des Lames du Destin, au service de Destinée. Mon histoire? C'est celle d'un elfe tourmenté, mais soit, je vais tâcher de satisfaire ta curiosité...

Lorsque j'essaie de me remémorer mon enfance, au plus loin de mes souvenirs, je ne vois que ténèbres et ombres, de brèves images entrecoupées, des lueurs éclairant le visage d'une femme incroyablement belle et celui d'un homme triste et fier qui me fixe de ses yeux couleur du ciel. Et puis un feu, de longues traînées ardentes lézardant le ciel, des éclairs... Le reste est là, quelque part, dans un coin de ma mémoire d'enfant, devenue inaccessible à présent.

Jusqu'à l'âge de cinq ans où le voile se déchire enfin. Je vois distinctement son visage. Un visage qui à lui seul, décline parfaitement le caractère de son propriétaire. Un être renfermé, vénal, totalement égocentrique et mégalomane, capable de la plus grande fourberie. Un être prêt à tout, lorsque ses intérêts et ses richesses étaient en jeu, et pourtant amadouable par des flatteries bien placées car il était pronfondement imbu et fier de sa personne. Tel était bien là son pire défaut, propre à ceux de sa race.

De notre première rencontre, je garde un pénible souvenir, celui d'une nuit où je fus séparé de ceux que je crois être mes parents, une nuit passée à sangloter dans un coin, sans le moindre réconfort, jusqu'au petit matin où je m'écroulai, terrassé par la fatigue. Ravalant mes larmes lorsqu'il me secoua brutalement, je me levai et puisant je ne sais où une force dont je me croyais incapable, je le suivis sous le soleil brûlant, jusqu'à sa demeure, bâtie dans le flanc de la montagne.

De l'extérieur elle ne payait pas de mine, et ressemblait à un simple trou. Mais une fois à l'intérieur, ce fut pour moi un émerveillement. J'ai toujours en mémoire l'image de la magnifique façade, finement ciselée, couverte de runes et de symboles étranges. Ils étaient recouverts de ce que je sais être à présent du mithril, cette matière précieuse entre toutes, extraite des entrailles de la terre par les infatigables nains. Les lourds battants, faits d'if et de cèdre semblaient indestructibles et même la charge d'une dizaine de barbares en furie ne les aurait guère ébranlés.

Celui que je n'appellerai jamais que maître prononça alors un mot de pouvoir et la porte s'ouvrit toute grande devant nous, révélant un trésor digne des plus grands souverains, entassé pêle-mêle en un gigantesque amas de pierres précieuses, d'or et d'argent, avec ici et là des armes délicatement ouvragées et des armures étincelantes. Puis mon regard se posa sur les majestueuses colonnades, témoignages de la gloire et de l'habileté des précédents habitants. Nous contournâmes l'imposant hall et mon maître me conduisit devant une série de petites chambres. Il mit ses mains sur mes épaules et en me fixant de ses yeux flamboyants, me parla dans plusieurs langues dont le sens m'échappa. Face à mon incompréhension, il piqua une rage subite et me gifla jusqu'au sang.
Je crus alors ma dernière heure arrivée, mais quelque chose retint sa main et comme contre sa volonté il s'éloigna, marmonnant des mots inintelligibles.

Après une nuit où le sommeil ne vint pas, se présenta alors un homme d'âge mur qui fut pour moi le seul ami que j'eus durant toute mon enfance. Il commença par me parler en divers dialectes et lorsqu'il prononça le mot elfique pour ami, mon regard joyeux lui montra que j'avais compris. Il disait s'appeler Turnar et venir de Luskan. Il n'ajouta rien de plus, mais c'était déjà largement suffisant pour moi.

Il était chargé de m'éduquer et en sa compagnie, je fus un élève méritant et appliqué. Dans l'inépuisable bibliothèque du donjon, nous découvrîmes ensemble des récits merveilleux ou tristes, provenant de toute la surface de Toril. Le soir nous rêvions ensemble de ce monde extérieur que je pensais ne jamais connaître, peuplé d'aventuriers courageux, de fourbes brigands, de loyaux paladins et de sombres assassins. A travers ces histoires, j'acquis une solide connaissance de langues inconnues, tombées en désuétude. J'appris par lui que nous vivions dans une ancienne cité naine, probablement désertée il y une centaine d'année.

Il m'enseigna l'histoire et la géographie, les religions et la politique, la littérature et l'art de guérir avec des plantes. Je percevais une différence entre lui et moi, ce qui ne m'empêchait pas de l'aimer comme un père. Turnar était toujours pressé, ne laissant jamais une chose au lendemain, comme si le temps lui était compté. Un jour je lui posai la question :
-Pourquoi es-tu toujours aussi impatient ?
-Impatient ? Ne comprends-tu donc rien Meaglin ? Chaque jour pour moi est peut-être le dernier et je remercie les dieux à chaque nouveau lever de soleil. Ne vois-tu pas cette épée de Damoclès suspendue sur ma tête ? Je ne suis qu'un esclave et un jour viendra où ma condition sera ma perte... Sans prendre en compte le fait que je me fais vieux. Je sens mon corps vieillir Meaglin, mes muscles s'affaiblissent... Mais si je me bats, c'est pour toi. Je sais que ma vieillesse n'aura pas été veine si j'arrive à t'inculquer certains principes en lesquels je crois. Un jour tu seras libre, tu as des siècles pour attendre et je ne serais plus là quand viendra ce temps... Cela dit, il sombra dans une triste méditation que je me gardai de troubler.
Ce jour-là, j'appris le pénible sort réservé aux humains comme Turner, destinés à un trépas rapide. Et celui des elfes, immortels en comparaison avec leur courte espérance de vie. Dans son regard, je sentis une pointe d'envie, moi qui avais des centaines d'années pour apaiser ma soif de vivre. Mais elle fut vite dissipée. Tout ceci avait réveillé en moi le désir de voir mes semblables, ayant la même vision du monde. Et je me fis la promesse un jour de m'enfuir, mais pour l'instant je restais avec Turnar. Au bout des vingt années passées près de lui, mon esprit s'était épanoui, et il était devenu comme le père que je n'avais jamais connu. Il m'avait appris à vénérer Tyr, une divinité humaine. Sans acquérir sa foi ardente, je respectais les valeurs qui étaient celles de son culte, m'imprégnant pronfondement de ce sentiment de justice et de liberté.

Je devais avoir à peu près onze ans lorsque mon maître me convoqua de nouveau devant lui. J'en avais presque oublié son existence et c'était là comme une douche froide. Je pénétrai dans une immense pièce suivi de Turnar. Au début, je ne vis rien, à part en face de moi un mur rouge sang. Lorsqu'il tourna la tête vers moi je fus stupéfait. Un dragon ! Ainsi mon maître était un dragon. Ses nasaux exhalaient des torrents de flamme, ses écailles rouges étincelaient de mille feux tandis qu'il remuait sa queue. Il s'exprima en une langue dure que je reconnaissais. Je répondis de mon mieux à ses questions et il sembla satisfait un moment.
Soudain, il eut un haut-le-corps comme s'il venait de découvrir quelque chose qui lui répugnait et son corps parut enfler sous la colère lorsqu'il me demanda :
-Vénères-tu les faux dieux des humains, Meaglin ?
Je ne pouvais décemment mentir, par respect pour la foi de Turnar et d'ailleurs il l'aurait su.
-Comment pourrais-je les connaître puisque vous ne me les avez jamais appris ? répliquai-je, en me croyant malin.
Goûtant avec déplaisir à cette insolente plaisanterie, le dragon lança sa patte vers moi et d'un geste vif me fit voler contre la paroi.
-Ainsi tu es une forte tête... mais crois-moi, j'en ai maté de plus forts que toi...
Il paraissait content à présent et semblait avide de continuer son jeu sadique en m'envoyant valser un peu partout. Mais Turnar s'interposa et d'une voix forte, défia le dragon :
-Oui je lui ai appris à vénérer les faux dieux. Oui il croit en Tyr. Et tout ça grâce à moi.
Avant que le dragon ne digère ses paroles il ajouta, sentant la mort venir :
-Meaglin ! N'oublie jamais pourquoi je meurs ! Reste fidèle à tes principes... Eux seuls te guideront lorsque toutes les lumières seront éteintes...
Pendant qu'il parlait, le dragon se tourna vers lui, fou de rage. Puis, il éclata d'un rire pervers. Turnar eut pour moi un regard rempli de fierté que le dragon incinérait dans un torrent de flammes. Ce dernier ne pouvait supporter l'idée que je devienne un jour un défenseur du bien. Ce serait le comble ! Être élevé par un dragon rouge, réputés les créatures les plus perverses qui soient et suivre les préceptes de Tyr. Quelle ironie !
Malgré tout, je garderai toujours au fond de moi l'image de cet homme, plein de courage et fier de ses croyances, et qui mourut pour m'avoir donné foi en quelque chose de supérieur : la justice, la bonté, le courage. Son sacrifice ne fut pas vain et jusqu'à présent je m'efforce de respecter ses idéaux.

Sur le moment, je me crus coupable de sa mort. Mais après avoir mûrement réfléchi, je sais à présent que c'était son destin. Je m'approchai, les larmes aux yeux, secoué par des spasmes douloureux. Sa dépouille calcinée dégageait une horrible odeur de chaires brûlées mais je me forçais à approcher. Je me demandais si le dragon me laisserait sortir pour l'enterrer, mais celui-ci répondit à mon interrogation muette en soupirant, soufflant une bouffée d'air par ses naseaux et dispersant du même coup les cendres de Turnar aux quatre vents. C'est alors que je découvris un médaillon, mélangé aux restes. Avant que le dragon ne se rende compte de sa présence, je m'en saisis et le fourrais dans une poche de ma tunique.

Le dragon parut enfin se calmer et prit une forme humanoïde. Il m'expliqua qu'à partir d'aujourd'hui il s'occuperait personnellement de ma formation guerrière. J'étais encore tout effondré par la mort de mon mentor et ami, mais je réalisais qu'une page de ma vie s'était tournée. Je fus, à partir de ce jour, levé dès l'aube et soumis à des exercices physiques intenses d'où je sortais exténué, pour son plus grand contentement. En début d'après-midi, il me formait au maniement des armes et prenait un plaisir sadique à me démontrer mes faiblesses en me piquant de sa lame, faisant parfois de larges entailles sanglantes. Mais je restais fier et je cachais ma douleur en m'abstenant de pleurer. Pendant dix autres longues années, je vécus sous ses sarcasmes et ses commentaires ironiques, mais je persévérais. Il semblait me détester et adorait me faire souffrir et pourtant il s'occupait de moi. Il m'en voulait, j'en ignorais la raison, mais cela semblait avoir trait à sa fierté blessée. Le soir, nous discutions ensemble, sur un ton aigre-doux, et il essayait en vain de me démontrer combien mes principes étaient risibles et futiles. Mais je m'obstinais et il repartait souvent plein de fureur, pestant contre Turnar qui m'avait inculqué des notions si stupides.

Plus j'apprenais à le connaître, plus il me répugnait. Je ne tardai guère à découvrir combien il était orgueilleux et vaniteux et je me promis d'exploiter ses défauts.
L'occasion se présenta un soir d'en apprendre plus sur mon passé. Le dragon semblait s'adresser à lui-même et ce qu'il murmura me remplit de stupeur. J'appris ainsi que mes parents, poursuivis semblait-il par un groupe d'individus et bien près d'être rattrapés, cherchèrent une échappatoire. En désespoir de cause, ayant entendu parlé d'une rumeur selon laquelle un dragon aurait élu domicile dans la région, ils essayèrent une folle tentative pour me sauver. Ma mère connaissait le Code d'Honneur Draconnique, qui consiste en des règles de combat ressemblant fortement à celles d'un duel et pouvant être appliquées à partir du moment ou l'un des deux adversaires le demande explicitement. J'imagine que l'enjeu devait être pour mes parents à ce que le dragon s'occupe de moi jusqu'à leur retour. C'est alors que je compris la rancune du dragon à mon égard. Il en voulait à mes parents et se vengeait sur eux à travers moi. Comment lui, "le puissant Xillerdra'ya", avait-il pu être vaincu par une aussi frêle créature ? Fortement secoué, je m'éclipsai à pas de loup, digérant les paroles du dragon.

Le lendemain tout se précipita. Un groupe d'une dizaine d'aventuriers se présenta à la porte. Mon instinct me disait qu'ils avaient une allure suspecte. Quelque chose clochait. Mais mon maître repoussa mes commentaires d'un geste, attiré par l'appât du gain, l'équipement des visiteurs attisant déjà sa convoitise. Il les fit donc entrer. Leur aspect mielleux et leurs propos flatteurs m'incita à la méfiance mais le dragon, subjugué par leurs présents, n'y fit pas attention. D'un autre coté, il était vraiment trop heureux d'une telle aubaine.

Parmi eux, un prêtre en robe noir commença à chanter un hymne à Cyric dans une langue horrible, hors du champ de vision du dragon. D'après l'un de mes amis, il devait s'agir d'une image miroir, car son image se dédoubla tandis qu'il restait en retrait, observant le dragon. Une fois le sortilège lancé, ses compagnons attaquèrent le dragon partout à la fois. Ce dernier, se rendant compte de sa folie, se débattit en tous sens, envoyant les guerriers valdinguer à l'aide de ses coups de pattes mortels. Plusieurs eurent probablement des côtes cassées, un ne s'en releva pas, mais les autres repartirent au combat. Un des prêtres a leur coté, sentant que le dragon ne tarderait pas à mettre en oeuvre son terrible souffle, entonna un chant en l'honneur de son dieu. Bien lui prit, ainsi que ses compagnons qui se trouvaient à porter du sort. Quelques secondes plus tard, le dragon exhala de ses immenses naseaux un terrible nuage de flammes qui incinéra les imprudents. Les guerriers attaquant les flancs du dragon, commencèrent à entamer ses écailles. Le dragon, élaborant un gracieux saut, fit mouche en en écrasant deux de son derrière. Mais cela ne suffisait pas. Pendant ce temps, les sorciers incantaient, affaiblissant le dragon, le rendant plus lent et le privant de sa force. Audacieusement, le dragon lança sa tête en avant et attrapa un homme par l'abdomen, l'enfournant dans son palais. La situation aurait pu tourner à l'avantage du dragon si le prêtre en robe noir n'était pas intervenu.
Il déplia un parchemin et se mit à incanter et il éclata d'un rire dément lorsqu'il eut fini. Doucement il parut s'élever dans les airs. Se déplaçant avec rapidité, il s'approcha à la hauteur du dragon, qui se rendant compte du danger, tenta de le faucher avec ses pattes. Mais avec habilité, le prêtre esquiva les coups sans difficultés, montrant une grande maîtrise du vol. Le dragon s'énervait, maudissant sa maladresse. Finalement le prêtre réussit à s'aggriper au cou du monstre et calmement, sortit une dague à la noirceur du charbon qu'il enfonça dans un interstice sans coup férir. La tête du dragon tourna, comme s’il était sonné. Lestement, le prêtre sauta tandis que le dragon s'effondrait, paralysé. Muets devant cet exploit, les survivants restaient bouché bée. La mouche avait terrassé le lion. Sa tête reposant sur le sol, le dragon semblait amorphe, à peine conscient.
-Prépares-toi à un repos sans lendemain, pathétique lézard... ricana le prêtre noir.
Vivement, il ressortit sa dague et la fit pénétrer dans un oeil. L'effet fut foudroyant. La vie quitta le monstre quelques secondes plus tard alors que cette lueur qui brille au fond des prunelles disparaissait de l'autre oeil. Poussant un cri de joie, le prêtre retira la dague, se moquant de son pitoyable adversaire. Le dragon était mort. Et Meaglin n'avait plus de père.

Pendant que ces joyeuses fripouilles ripaillaient gaiement pour célébrer leur victoire et leur fortune à venir, je profitai de leur inattention pour m'enfuir, sans un regard pour les fabuleuses richesses.
Une fois à l'extérieur, j'errais en proie au doute et en me questionnant sur mon avenir. Je ne savais pas où aller, sans famille ni amis, avec pour unique bagage une vieille épée et le médaillon de Turnar. Repensant aux dernières paroles de ce dernier, je décidai de rejoindre un monastère de Tyr pour devenir paladin comme il l'aurait voulu. Questionnant les passants, je réussis finalement à me faire indiquer le temple le plus proche. Arrivé devant le portier, je sollicitai une audience devant le père prieur qui me fut accordée. Un frère ouvrit la porte et me laissa avec le haut-prêtre qui déciderait de mon avenir. Sans passer par quatre chemins, je lui racontai ma vie, narrant mes tourments et mes peines. Le prêtre souriait et à la fin de mon récit je pensai être accepté lorsqu'il m'opposa un refus cinglant en prétextant que j'étais trop vieux et pas assez riche pour réunir la somme nécessaire afin de payer mon apprentissage.
De plus, ajouta-t-il, les elfes sont trop chaotiques et trop incontrôlables pour entrer dans les ordres.

Dans ces paroles, je perçus qu'il détestait les elfes et sans plus insister, je sortis. C'est donc sans raison valable que fut fermé pour moi le chemin du paladinat. Sur le moment, je quittai l'endroit, drapé dans ma fierté offensée, sans m'attarder un instant de plus. Je m'en fus dans la forêt, le cœur troublé et l'esprit agité. Je décidai de rester loin des hommes et de leurs congénères. Ils ne m'aiment guère et à présent je ne les portais pas dans mon cœur non plus. Les premiers jours furent difficiles. Je n'avais jamais vu d'animaux et je ne savais pas comment réagir en leur présence. Je vécus des fruits de mon habileté, chassant et cueillant des fruits des bois. Alors que je me taillais un arc dans une branche d'if, un groupe d'elfes sylvains vint à moi. Celui qui semblait le chef me parla ainsi :
"-Qui es-tu? Cela fait plusieurs jours que tu erres dans nos bois...
-Moi ? Je ne suis qu'un simple elfe qui aspire à vivre loin des humains... dis-je de mauvaise humeur.
Au début, le fait qu'il m'interroge comme un malfrat m'indigna mais je me contins et dans mon cœur germa un secret espoir.
-Et que comptes-tu faire ?
-Rester ici je pense.
Puis j'ajoutai avec une petite voix, plein d’anxiété :
-A moins que vous ne m'autorisiez à rejoindre votre communauté ?
-Nous n'acceptons que ceux de notre race trancha l'elfe sylvain.
-Mais ne suis-je pas un elfe comme vous ? m'insurgeai-je.
-Laisse moi te regarder.
L'elfe me dévisagea longuement.
-Tu es d'origine sylvaine, étranger, cela est incontestable. Mais ton sang est impur. Ton autre parent appartient à une autre race d'elfe. Je suis désolé, nous ne pouvons t'accepter parmi nous. Mais, eu égard à tes origines, moi Ty-Elis, je te permets de vivre dans ces bois. Tu en assureras la surveillance et les défendras au péril de ta vie. La Haute-Forêt est traversée par de nombreux grouilleux en maraudes, tu auras fort à faire. C'est une offre à prendre ou à refuser.

Avais-je le choix ? Maudissant encore une fois les dieux qui avaient rendu les hommes et les elfes si compliqués, j'acceptai le marché, la mort dans l'âme. Tandis que les elfes repartaient, me laissant à ma solitude, je restai pensif et m’interrogeai : serais-je toujours repoussé à cause de mes origines ? Une main se posa sur mon épaule. Pensant qu'un des elfes avait oublié de préciser quelque chose, je me retournai et me trouvai face-à-face à une jeune elfe, qui tout sourire me regardait :
-Que veux-tu ? Ignores-tu que l'on doit m’éviter ?
-Oh je le sais très bien, répliqua-t-elle pleine d'assurance. Mais crois-tu qu'en te morfondant ainsi tu résoudras tes problèmes ?
-Ai-je vraiment le choix ? Tu ne sais rien de moi...
-Ce que je vois me suffit : un elfe démoralisé, qui va probablement vivre la fin de sa vie en ermite... Je ne veux ceci pour personne... Me laisseras-tu t’aider ?
-Quel est ton nom ? murmurai-je subjugué par sa beauté
-Arniel, dit-elle en riant. Chant elfique...
-Je comprends pourquoi tu t'appelles ainsi. Mon nom est Meaglin.
-Et bien lève-toi maintenant Meaglin et bats-toi. Impose-toi par ton courage et ta force. Rends-toi indispensable et un jour ce seront eux qui viendront te chercher...

Avec un tel discours, elle ne tarda pas à ranimer la flamme qui brûlait en moi. Turnar m'avait parlé du monde, Arniel me parla des elfes. Toute cette culture de son peuple qui me manquait et que Turnar n'avait pu me donner, Arniel me l'expliqua. Mais elle devait souvent retourner parmi son peuple. Alors je chassais, tuant les monstres errants et surveillant les voyageurs. Mon arc sur le dos et mes épées au flanc, je finis par connaître la forêt par cœur. Les autres elfes ne m'avaient pas accepté et malgré cela, je finis par devenir comme eux. Avec la grâce du Peuple, je savais me rendre discret et furtif. J'aimais Arniel d'un amour sincère et ce sentiment était réciproque, mais d'un accord tacite, nous avions convenu de remettre à plus tard cette liaison difficile. Cependant, un soir où je surveillais deux voyageurs, un homme âgé et une femme l'accompagnant, un groupe de gobelins les attaquèrent. Sans prendre le temps de réfléchir, j'attaquai de concert avec eux et les gobelins furent vite mis en déroute. S'apprêtant à retourner dans les sous-bois, je m'entendis interpellé :
-Meaglin !
Surpris, je fis volte-face et regardai mon interlocutrice dans les yeux, une femme brune, sans âge, à la beauté troublante :
-Que puis-je pour toi humaine ? Et d'ailleurs, comment sais-tu mon nom ?
-J'en sais plus sur toi que tu ne veux l'admettre...
-Cela te donne-t-il le droit de jouer avec moi ?
-J'essaie te t'aider...
-Ce petit jeu a assez duré. Si tu n'as rien à me dire, je m'en vais...
J'esquissai un mouvement de départ.
-Je n'en ai pas fini avec toi ! dit-elle d'un ton si impérieux que Meaglin se retourna. Toutes ces années ne t-ont-elles donc rien appris ? Quand arrêteras-tu d'avoir des préjugés sur les autres ? Je suis peut-être humaine, mais cela ne fait pas de moi une paria, loin de là. Il en est de même pour toi. Le monde t'a rendu dur et arrogant. Qu'est devenu le petit garçon qui souhaitait visiter le vaste monde ? J'aimerais que tu quittes ces bois pour quelques années, que tu voies le monde comme tu en avais rêvé. Qu'as-tu à perdre ? Des années ? Tu as des siècles pour vivre comme tu en as envie... Je ne peux rien faire de plus. Si tu acceptes ma proposition rejoins-moi à Eauprofonde et rends-toi aux Lames du Destin... Et maintenant pars, tu as besoin de réfléchir...

Dépité, je rejoignis les sous-bois, tourmenté par des questions sans réponse. Devais-je remettre mon mode de vie en question ? Avais-je commis une erreur ? Tandis que je regagnais mon logis, je croisai Arniel qui me sauta au cou, le visage étincelant de joie :
-Ils t'ont accepté Meaglin ! Ils veulent que tu rejoignes la cité ! Tes exploits aux frontières et ta vigilance ont finalement conquis leur estime !
Calmant sa joie, je lui racontai ma rencontre avec la jeune femme et la proposition qu'elle m'avait faite. Alors que nous discutions, je caressais le médaillon. Depuis la mort de Turnar, je m’interrogeais : lui appartenait-il ? Le tournant et le retournant dans tous les sens, j'étais subjugué par sa beauté. Sa surface était lisse et douce au toucher et il était finement recouvert d'or. On distinguait aussi confusément des lettres entrelacées et entourées de pétales de rose. En son centre, un cristal bleu luisait faiblement. L'ouvrage semblait fragile et délicat mais je l'avais vu résister au souffle du dragon. Brusquement une apparition surgit, qui paraissait sortir du cristal : le visage d'une elfe dorée, qui me souriait. J'en fus troublé jusqu'aux tréfonds de son âme. Outre la beauté de ses traits, la jeune elfe dégageait une aura douce et apaisante. Elle murmura doucement :

Élevé par un aveugle et fils du grand-ver
Le premier te donna des ailes, le second les entrava
Mais une fois le feu éteint et les antiques cavernes redevenues obscures
Suis ton destin au plus profond de l'abîme
Elle seule peut t'aider à trouver tes origines
Car sans racines un arbre ne grandit point
Pour voir le futur, il faut regarder derrière soi.

Sans en comprendre toutes les nuances, nous prîmes tous les deux ceci comme un signe. Ne cherchant pas à me retenir, Arniel m'enjoignit au contraire de profiter de la chance qui m'était offerte :
-Vas la voir. Ne t'inquiète pas pour moi je t'attendrai ici. Quand tu seras las du monde extérieur, reviens me voir.
C'est le cœur lourd que je partis, laissant là mon amour, et que je pris le chemin d'Eauprofonde.
Mais si j'avais bien compris le poème "Elle" pourrait m'aider à trouver mes parents. Rien qu’à cette idée, mon cœur battait la chamade tandis que je faisais route vers la Cité des Splendeurs. Une fois sur place, je me fis indiquer par un badaud le Quartier Général des Lames et je lui demandai le nom de leur leader. On me répondit sur un ton énigmatique, comme dans un souffle, le nom de celle qui désormais guiderait ma vie : Destinée...


HoRny|Micro: les newbies CDD
HoRny|Micro: me > u
HoRny|Micro: kk ?
HoRny|Micro: kk
HoRny|Micro: GOOD
La- Li- Lou- Le- Lo: lol
Tofileco: ah ah
La- Li- Lou- Le- Lo: provoc provoc
HoRny|Micro: vous allez passez respectivement l'aspirateur et la poussiere
Tofileco: entre temps c moi qui vais WOWer
La- Li- Lou- Le- Lo: ça monte
HoRny|Micro: genereux je suis
HoRny|Micro: repartissez les taches comme bon vous semble
Rand:
Alendar
L M M J V S D
            1
2 3 4 5 6 7 8
9 10 11 12 13 14 15
16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29
30