..:: Récit - - Emancipation ::..
Auteur : Reyan.
Dernière modification : le 01 Février 2004 à 18h56.
Resumé :
Reyan est le fils d'un dandy aquafondias et d'une baronne de province. Cette dernière confia le batard à son père et il l'éleva entre deux fêtes. Mais un jour des hommes plus que louches vinrent le voir, prétextant venir de la part de la baronne. Reyan réussi à fuir et s'engage dans une caravane.
Emancipation
Le bruit des épées résonnait dans la clairière, tout juste couverts par les cris des mourants et des blessés.
" Ecartez-vous ! ", rugit Abir, juste avant que la boule de feu ne s'écrase sur les hommes en livrées noires.
Reyan eut tout juste le temps de voir surgir un homme derrière le marchand avant de plonger pour éviter sa lame. Il roula et se releva dans la foulée, imprimant un mouvement tournoyant à sa lame : la tête de son adversaire roula dans la terre humide. Reyan se remit vivement en garde et observa le "champ de bataille" : Abir gisait par terre dans une mare de sang. Il ne restait plus que quatre gardes et cinq de ces guerriers ayant surgit de nulle part les encerclaient, suivant les directives de leur chef. Enfin, c'est ce que devait être l'homme encapuchonné de noir.
Reyan avait été repoussé vers la forêt par son adversaire précédent, et personne ne s'occupait de lui à présent. Il songea à rejoindre les gardes mais fut arrêté net par le regard de l'homme à la capuche. C'est tout ce que voyait Reyan dans la nuit mais cela lui suffit : c'était un regard terrifiant, de tueur... un tueur qui le haïssait lui, Reyan Arkenda. Les gardes n'étaient qu'une distraction, Reyan était sa proie, il en était sûr. Il ne put en supporter davantage et s'enfuit à travers les bois. Il courut à perdre haleine, et ne s'arrêta que quand ses jambes ne purent plus le porter. Il s'écroula alors entre les racines d'un arbre, en s'évanouissant plus qu'il ne s'endormit.
Quand il se réveilla, ses blessures étaient guéries, et il reposait sur une couche faite de feuilles et d'une couverture. Il se sentait étrangement bien et la chaleur d'un feu tout proche lui fit presque croire que cette nuit n'avait été qu'un mauvais rêve. Presque. Son épée reposait à coté de lui, un tissu rouge entourait son bras. Non, pas rouge, taché, taché de sang, le sien. Cette découverte acheva de le réveiller et il se leva brusquement.
Deux personnes assises autour du feu le regardèrent, l'une d'elle, un vieux paladin à en juger par ses armes et son bouclier, l'invita à s'asseoir avec eux. Reyan s'assit prudemment, inquiet mais après tout, ils l'avaient couché et soigné. L'autre personne était une jeune femme, quoique jeune ne fut peut être pas le terme exact. Elle paraissait plus sans âge que jeune. Elle le regardait droit dans les yeux, sans rien dire. Quand il détourna le regard, elle sourit et dit :
" Bonjour, je me nomme Destinée. Donnes-moi ton nom que je sache enfin à qui j'ai donné mon mouchoir. " acheva-t-elle en riant.
" Reyan " Un mouchoir, oui, en effet, il aurait sans doute été doux au toucher sans tout ce sang.
" Et bien Reyan, qu'est qui pousse un jeune demi-elfe à s'effondrer, couvert de blessures, au milieu de nulle part ?
" A vrai dire… C'est un peu compliqué (pourquoi me regarde-t-elle comme ça ?). Je faisais partie d'une caravane qui a été attaquée non loin d'ici (mon dieu, elle a de ces yeux !!). "
" Des brigands ? " Les yeux du paladin étaient durs, et ce n'était sans doute pas une question.
" Sans doute messire, mais j'ai bien peur qu'il n'y ait plus rien à faire. (Ça y est, elle recommence, mais qu'est ce que j'ai fait ?).
" Et bien, heureuse d'avoir pu t'aider alors. "
" Oui, je ne sais comment vous remercier de ce que vous avez fait, mais il faut que je m'en aille. Je dois aller raconter ce qui s'est passé à mon père. "
" Bien, vas-y, tu ne devrais plus être inquiété maintenant. " Reyan eut un petit pincement au coeur en se disant qu'il n'en était pas si sûr.
" Vas, et qui sait, peut-être nous reverrons-nous. "
" Ce serait avec plaisir. Madame, Sir. " Il attrapa son épée et partit dans la direction qu'il pensait être celle d'Eauprofonde, sentant rivés sur lui les grands yeux de sa mystérieuse bienfaitrice.
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Reyan et son père étaient couchés dans les fougères, dans les collines surplombant un petit château de province. Il n'était jamais venu ici. C'était le manoir de sa mère. Après son amourette avec un dandy d'Eauprofonde, Serina Kelchar tomba enceinte et alla se recueillir dans un monastère avant que son mari ne s'en rende compte. Par la suite, elle confia l'enfant à son véritable père, non sans lui avoir fait comprendre la nécessité du secret. Reyan n'avait jamais vu sa mère avant cet après-midi où des hommes prétendant venir de sa part étaient rentrés et avaient tenté de le tuer. C'est de justesse qu'il avait pu se joindre à une caravane puis quitter la ville.
" Observes bien les tours de gardes. Nous sommes à la campagne, ils n'en changeront sans doute pas avant demain."
C'était dit sur un ton légèrement suffisant. Tolvir Arkenda ne méprisait pas spécialement les nobles de province, sauf quand ceux-ci en avaient après lui, ou son fils..."C'est tout comme" disait-il...
" Allez viens, nous devons avoir une petite discussion avec ta mère. "
Ils coururent d'arbustes en arbustes, penchés pour ne pas être repérés par les gardes sur les remparts. Une fois adossés aux murailles, Tolvir attendit d'entendre le lourd pas d'une sentinelle, puis compta jusqu'à cent et lança le léger grappin. Ils escaladèrent rapidement les fortifications et descendirent dans la cour.
Pénétrer dans la place ne fut qu'une formalité car les gardes étaient plus là pour le prestige que pour autre chose.
" Toi !!! " Reyan se retourna d'un seul coup et fit face à un jeune homme qui devait avoir son âge, mais qui était humain, ce qui changeait tout. Il reconnut instantanément ce regard plein de haine et de folie meurtrière.
" Qui es-tu ! Et que veux-tu ! " questionna Reyan.
" Ta mort ! " Une épée surgit dans la main de l'inconnu et il se jeta sur Reyan. Il fut brusquement interrompu par le poing de Tolvir qui le rencontra en plein saut. Son épée lui fut arrachée.
" Maintenant réponds ! " " Que vas-tu faire ! Les gardes te reprendront de toute façon ! "
" Cela ne te concerne pas dans la mesure où tu seras alors mort. " Le ton froid du père fit réfléchir l'inconnu.
" Je suis Ethir Kelchar, le seigneur des lieux, et tu es Reyan le bâtard ! "
" Cela ne regarde que moi...Pourquoi as-tu essayé de me tuer, et où est ma mère ?! "
" Notre mère est folle, c'est son châtiment pour avoir trahi feu le seigneur Kelchar mon père et je vais finir le travail en te tuant ! "
" Tu es fou ! A quoi cela peut-il bien te servir de me tuer ? Je n'ai aucun droit sur quoi que ce soit, et ne t'ai jamais rien réclamé ! Pourquoi être venu chez nous ? Pourquoi m'avoir pourchassé ? C'étaient de simples gardes de caravane ! Si tu veux me tuer, dis-le-moi, un duel et c'est fini ! "
" Tu ne mérites pas une mort digne en duel ! Et je dois venger mon père et expier les pêchés de ma mère ! "
Il bavait de rage et ces yeux étaient injectés de sang. Il s'empala tout seul sur la lame nue de Reyan.
" Le fou ... "
Des bruits de course résonnaient autour d'eux.
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Chevauchant sur la route d'Eauprofonde, Reyan pensait à une paire d'yeux le fixant. En y repensant, il sentait que ce qui l'avait intrigué dans ce regard, c'était cette promesse silencieuse, comme si elle savait quelque chose qu'il ignorait. Mais que promettaient donc ces yeux ? Où était cette inconnue qui l'avait soigné et qu'il avait quitté comme un malpropre ?
Il toucha presque sans s'en rendre compte le mouchoir noué autour de son bras. Il était mystérieusement resté rouge malgré tous ses efforts.
" Destinée. " dit-il dans un murmure. Son père l'entendit et le regarda d'un air entendu. La mort de son demi-frère fou le travaillait toujours, c'était si injuste. Il avait vu sa mère après cela, elle lui souriait ainsi qu'au reste du monde, mais ses yeux étaient vides, un cadavre animé guère plus.
Après toutes ces épreuves, il ne ressentait toujours qu'une grande frustration envers le fou, un sentiment d'injustice et une envie de vivre chaque instant sans nourrir les vieilles rancunes. Comment en était-on arrivé là ? Il était décidé à profiter de tous les instants. En premier lieu, retrouver Destinée, et après... après il aviserait.